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Les services publics, piliers de la fonction modernisatrice et cohésive de l’Etat

Les services publics, piliers de la fonction modernisatrice et cohésive de l’Etat

Le développement humain a constitué l’axe dominant de l’intervention publique : l’Etat social dans la région arabe se structure tout d’abord autour des services publics d’éducation et de santé.
La santé publique est restée officiellement gratuite   pour les usagers et financée par les ressources de l’Etat (Longuenesse 1992) jusqu’aux réformes imposant une participation des patients. La part des dépenses totales de santé prise en charge par l’Etat dans la région ANMO  est la plus forte des régions en développement : 56% en moyenne (World Bank 2002). Toutefois, dans certains pays, elle se situe bien en dessous de celle assumée par les patients : c’est surtout le cas en Egypte, au Liban et en Syrie, où les contributions privées représentent plus des deux tiers du total, le Maroc et la Tunisie se situant à proximité. Les investissements dans la santé publique ont eu des effets magistraux sur l’amélioration des indicateurs sociaux, bien que des inégalités demeurent dans l’accès à la santé et aux infrastructures sanitaires. L’espérance de vie moyenne a progressé de plus de 150% entre 1950-55 et 1990-95, passant de 41,5 ans à 64 ans (UNDP 2002).
Dans le domaine de l’éducation, l’investissement de la puissance publique est très considérable, mais beaucoup plus faible au Liban que dans les autres pays. De fait, les progrès en termes de scolarisation sont incontestables : dans le primaire, elle est proche de 100% (sauf au Maroc), et elle progresse également dans le secondaire. Il n’est pas certain que la dépense soit très équitable dans tous les pays : au Maroc et en Tunisie, en particulier, on note un écart considérable entre la dépense publique par élève dans l’éducation primaire et secondaire : de un à trois et demi pour le premier, et de un à deux pour le second (World Bank 2002). Les taux d’alphabétisation progressent aussi, bien que subsistent de fortes inégalités (notamment entre genres) et des retards flagrants : pour l’ensemble de la région, en 1999, un quart des hommes et la moitié des femmes étaient analphabètes. Ces dernières ont donc peu de moyens d’améliorer la qualité de leur vie et celle de leur famille, alors même qu’une partie substantive de la population pauvre est composée de ménages dirigés par des femmes. La génération suivante ne sera pas considérablement mieux équipée :  en Egypte, 38% des filles sont analphabètes, 56% au Yémen et 43% au Maroc (UNDP 2003).
Il est difficile de savoir dans quelle mesure les processus d’ajustement et de rationalisation des dépenses publiques menacent ces progrès. On peut souligner plusieurs tendances : dans l’éducation, si le niveau global des dépenses se maintient par rapport au PIB, il tend à baisser par élève, et ce non en raison de gains d’efficacité mais essentiellement du fait de la baisse des salaires réels des enseignants et des dépenses de matériel. En outre, le travail des enfants  a des effets difficilement mesurables sur la qualité et l’assiduité de leur scolarisation, tout comme le chômage des diplômés sur l’incitation globale à poursuivre des études. L’on sait que la qualité de l’enseignement public baisse indubitablement, et qu’une fracture se crée entre celui-ci et un secteur privé en plein essor. Dans la santé, ces tendances sont plus marquées encore : la fuite des praticiens vers le privé et la hausse de la part des coûts assumés par les patients entérinent et accentuent la difficulté d’accès à des services de santé de qualité pour les ménages les plus modestes. La montée de la pauvreté humaine, appréciée par les indices IDH / IPH du PNUD, signe la remise en cause des fonctions étatiques de la période précédente: c'est ici non plus seulement le bien-être matériel et privé qui est menacé, mais le mouvement même de modernisation sociale, porté surtout par les progrès dans les domaines de l'éducation et de la santé. On note aussi un interventionnisme croissant des institutions internationales publiques et privées, qui remet en cause la prérogative publique dans ce secteur.

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