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Le droit à l’éducation

Le droit à l’éducation


Face aux enjeux d’inclusion sociale, l’éducation et la formation des adultes qui contribuent à l’atteinte d’une plus grande justice sociale, doivent devenir un droit effectif. Pour ce faire les outils doivent être adaptés au public afin d’une part de permettre à chacune et chacun de valoriser ses savoir-faire, savoir-être et faire-savoir, d’acquérir de nouvelles compétences et, ce, sans focaliser uniquement sur le but d’une mise à l’emploi, et de susciter l’expression de la demande de formation, voire d’éveiller cette demande, en plus de fournir une réponse à la demande « explicite ».

La déclaration de Hambourg adoptée lors de la cinquième Conférence Internationale sur l’Education des Adultes tenue en 1997 sous l’égide de l’Unesco définit l’apprentissage tout au long de la vie de la manière suivante : « La formation considérée comme un processus qui dure tout au long de la vie a pour objectifs de développer l’autonomie et le sens des responsabilités des individus et des communautés, de les habiliter à faire face aux transformations qui affectent l’économie, la culture et la société dans son ensemble, et de promouvoir la coexistence, la tolérance ainsi qu’une participation éclairée et créative des citoyennes et des citoyens à la vie de la collectivité, bref, de permettre aux individus et aux communautés de prendre leur sort et celui de la société en main pour pouvoir relever les défis de l’avenir ».

De ce texte, il ressort que l’éducation des adultes ne comprend pas seulement la formation de base et la formation qualifiante. Elle s’étend aux actions favorisant l’épanouissement des personnes dans leur globalité et leur singularité. Elle concerne aussi la possibilité d’exercer pleinement des responsabilités personnelles, familiales, sociales et civiques. La réglementation nationale a été élargie et modifiée de manière à mieux couvrir les besoins des publics-cibles pour lesquels la situation de désaffiliation sévère nécessite d’élargir le champ d’intervention et d’entreprendre une action plus en profondeur et sur le long terme. Il est tout à fait positif de constater l’ouverture des autorités gouvernementales à une vision éducative plus large. Cependant, l’instauration d’une véritable dynamique communautaire, dans le sens d’un travail collectif, d’un partenariat avec les personnes visées, est loin d’être effective.

La participation des personnes aux décisions liées à leur éducation reste très insuffisante alors que l’élaboration des actions gagnerait d’être enrichie par leurs expériences et que le sentiment d’être véritablement entendues augmenterait leur motivation à tous les niveaux. A partir du moment où nous faisons de l’éducation et la formation des adultes un droit, nous affirmons notre conviction à privilégier les personnes vivant l’exclusion ou la discrimination. De plus, c’est dans la réalité de vie des personnes adultes que l’éducation et la formation des adultes puisent sa spécificité éducative.

L’intention d’organiser plus fréquemment des états généraux sur la pauvreté est de bonne augure. Il est important que les décideurs entendent les échos du terrain et en tiennent compte. A titre d’exemple, à la veille des élections de juin 2004, certains partis politiques ont proposé pour remédier à la pénurie de 25.000 logements sociaux à Bruxelles de donner une allocation logement de 75 €. La loi de l’offre et de la demande fait présager une augmentation des prix des loyers, consécutive à une telle mesure, qui de plus ne sera probablement pas suffisante pour rassurer les propriétaires et répondre au problème des multiples cautions à apporter pour obtenir un logement. Régulièrement les témoignages attestent d’une carence de réponses satisfaisantes pour la garde des enfants des familles monoparentales, accentuée dans les milieux précarisés où confier l’enfant à l’autre parent est rarement envisageable, où embaucher une baby-sitter est une dépense qui grève un peu plus un budget déjà faible, où les emplois ne permettent pas souvent un aménagement du temps de travail. Il est primordial d’écouter la voix des plus défavorisés pour comprendre et répondre convenablement à leurs difficultés.

Les problèmes d’insertion socioprofessionnelle sont pour beaucoup dus à un cercle vicieux où les séquelles des échecs (scolaires et autres), les difficultés quotidiennes face à la misère, le manque d’estime de soi, ainsi que la dégradation de l’état de santé, entravent tout projet et entretiennent le sentiment d’exclusion . Cette spirale ne peut s’inverser que dans une interaction qui porte un autre regard sur le passé. Une relation de dialogue et de valorisation du sujet est fondamentale pour changer les représentations que la personne se fait de son parcours et par là d’elle-même.

Il est important d’ouvrir nos esprits et nos cœurs aux autres cultures, y compris celle des pauvres, qui, par la force des choses, à condition que les droits humains les plus élémentaires soient respectés et que les besoins fondamentaux soient satisfaits, ont souvent compris que la vraie richesse ne se mesure pas au montant sur le compte en banque mais bien plus à la qualité des relations avec les autres hommes et femmes et avec soi-même tous les jours, ce qui suppose un minimum de considération pour soi, d’une part, de façon à s’entourer de gens convenables (qui conviennent à soi) et, d’autre part, pour être capable d’apprécier la compagnie que l’on peut être pour soi-même dans les temps de solitude. Lorsque l’estime de soi est médiocre, l’individu ne se croit pas capable ou en droit d’atteindre une situation meilleure alors que pourtant, comme les autres, il aspire à cela. Inconsciemment, il s’autosabote et renonce à ses projets, quelques fois même avant de les avoir commencés. Les processus de désaffiliation sont également une des suites de ce jugement négatif porté sur soi. Des études  de motivation ont démontré le lien entre le désir de conserver une image positive de soi et la volonté d’accéder à un statut social élevé.

La compétence d’exister se construit dans une association réciproque des acquis de l’expérience et des savoirs plus formalisés. En effet, ces derniers n’ont de valeur que s’ils font sens par rapport aux réalités vécues et, pour que les apports de celles-ci soient reconnus, il faut des concepts, des méthodes, des mots. Ce qui est signifiant alors est ce qui s’articule au projet de vie, et non plus à une norme de réussite sociale axée sur le paraître, si bien que la prise de conscience des manques relance alors le processus de création et la mobilisation des ressources en vue d’un mieux-être. Ces considérations ont l’intérêt de pointer les différentes dimensions à prendre en compte pour concevoir un outil éducatif à destination des personnes en décrochage social.

Idéalement, préalablement à toutes séances éducatives, les premières rencontres devraient être destinées à recueillir la demande, à susciter son expression, à faire venir au jour ce qui est latent. Si les personnes ont le sentiment justifié que l’on s’intéresse vraiment à elles, les échanges auront un effet direct sur l’estime de soi. S’appuyer pour l’organisation des activités ultérieures sur un besoin identifié par les participants eux-mêmes aura des répercussions immédiates sur le sentiment de considération. Etablir un climat et une relation de confiance qui vont favoriser l’émergence d’autres desiderata implique de commencer par là. Or, l’expérience a révélé qu’un premier rendez-vous conçu uniquement dans le but de recueillir de l’information et d’en donner a trouvé peu d’échos auprès du public-cible (une poignée de participants pour une soixantaine d’invitations envoyées). Une manière d’obtenir ces renseignements consiste à recourir à des techniques telles que l’entretien individuel mais elles sont coûteuses en temps que ce soit pour la passation ou le dépouillement des résultats. L’alternative est donc de s’adresser aux prescripteurs potentiels : les acteurs sociaux de première ligne. La question est alors comment obtenir leur collaboration. Nous verrons ultérieurement en quoi cette coopération ne va pas de soi et que satisfaire ce point nécessite de modifier l’organisation structurelle de l’institution elle-même.

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