L’évaluation des pratiques en insertion sociale - Les finalités de l’évaluation
11:40 AM
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Les finalités de l’évaluation
En instituant aussi le Forum wallon de l’insertion sociale, le législateur, avec le décret d’insertion sociale, marque sa volonté d’évaluer ses programmes puisque cet organe consultatif a pour mission de mener une réflexion sur les causes réelles de l’exclusion sociale, d’assurer une fonction d’alerte de manière à ce que les politiques sociales soient adaptées aux réalités du terrain. Soulignons la suggestion du CESRW lors de sa critique de l’avant-projet de décret : « En revanche, le CESRW juge intéressant le pouvoir d’initiative conféré à la Commission d’agrément et d’avis des services d’insertion sociale dans le cadre de sa mission d’avis sur la problématique d’insertion sociale. Il suggère afin que ce pouvoir d’initiative ne reste pas lettre morte, de le renforcer en confiant à la Commission d’agrément une compétence d’avis sur les rapports qualitatifs des services, l’obligeant à une analyse critique de l’action menée, première étape incontournable d’une réflexion sur l’évolution souhaitable du secteur » .
La décentralisation permet de respecter les particularités des demandes mais ne doit pas faire perdre de vue la convergence des actions vers un même but, à savoir le mieux-être de tous, et la nécessité de dégager les leçons qui ont une portée commune, y compris le constat des échecs et leur analyse. Savoir ce qui ne fonctionne pas est tout à aussi informatif que savoir ce qui fonctionne. Un recensement des actions d’insertion sociale, actuelles mais aussi passées, serait intéressant sur plusieurs points : notamment quant à la possibilité de faire émerger des pratiques oubliées, abandonnées faute de temps ou de subsides à une époque où ce n’était peut-être pas encore à l’ordre des priorités.
Tout n’est pas à refaire loin de là mais il faut que la parole circule et soit entendue. Nous pensons entre autre aux repas mensuels, concoctés de A à Z par des femmes d’une EFT (Entreprise de Formation par le Travail) et qui leur permettaient, en plus d’acquérir les règles de l’hygiène culinaire, d’exposer leurs savoir-faire et de recevoir une reconnaissance méritée et réparatrice. De l’avis des agents d’insertion, le métier n’est plus le même qu’il y a une quinzaine d’années. Sans doute les usagers n’ont plus le même background mais les exigences de rentabilité ont aussi fait perdre l’aspect humain pourtant fondamental et ce d’autant plus que la restauration de l’estime de soi explique beaucoup des réussites. Il est urgent de tout mettre en œuvre pour ne plus perdre les fruits de ces expériences accumulées parallèlement aux innovations développées.