La dynamique de groupe
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La dynamique de groupe
Expérience de Lewin (dynamique de groupe au sens restreint)
Lors de la seconde guerre mondiale Lewin va
être sollicité par le gouvernement américain pour l’aider à résoudre un certain
nombre de problèmes.
La guerre coûte cher, le gouvernement veut
changer les habitudes alimentaires des américains restés au pays et les faire
participer à l’effort de guerre. Le gouvernement voulait que les américains se
privent des biftecks pour en faire profiter les soldats, et manger plutôt des
bas morceaux. Le gouvernement a mis en place des campagnes d’informations très
coûteuses pour pousser les américains à participer à l’effort de guerre donc,
mais il se trouve que les résultats ont été nuls. C’est ainsi qu’il appelle
Lewin pour changer a situation.
Lewin va expérimenter sur 6 groupes de 13 à 17
personnes chacun. Les sujets sont des femmes garde malade volontaires. Ces
groupes vont se rassembler pendant 45 minutes dans différentes conditions. On
calcule au début le nombre de ménagères ayant déjà servi des bas morceaux à
leur famille. Après leur rassemblement elles indiquent si elles ont l’intention
de servir cette viande à main levée. Trois semaines plus tard les
expérimentateurs vont contrôler si elle en ont vraiment servi ou non.
Lewin va donc diviser ces 6 groupes en 2 en
faisant varier le mode d’information : 3 groupes suivent une conférence,
une diététicienne expose pendant 45 minutes les qualités des bas morceaux et
distribue à la fin des techniques et des recettes pour les cuisiner. Les 3
autres groupe se retrouvent rassemblé autour d’une table et vont discuter
pendant le même laps de temps sur les raisons et le fait d’acheter ou de ne pas
acheter des bas morceaux. A la fin on propose des recettes et techniques
identiques à celles des autres groupes.
Résultat : dans le cas de la
conférencière 3% des participants ont servi des bas morceaux alors qu’ils n’en
avaient jamais servi avant et dans le cas de la discussion 32%. On voit que la
méthode la plus efficace pour l’amorce d’un début de changement de comportement
est la discussion. Pourquoi ?
Explication : Il existe une norme sociale
plus ou moins explicite qui fait que lorsque l’on consomme des bas morceaux on
appartient à une classe sociale basse ou défavorisée. Cette norme sociale est
responsable de la part de résistance dans le passage à l’acte (on est d’accord
pour participer à l’effort de guerre mais pas pour être considéré comme
appartenant à une classe sociale basse). Dans les groupes de discussion cette
norme est discutée, on parle des obstacles au fait de manger des bas morceaux,
la réticence va diminuer du fait d’en avoir discuté, etc. Dans la conférence on
se sent isolé dans le changement, ce qui n’incite pas à tenter l’expérience.
Une norme évolue uniquement en groupe. On ne change pas une norme collective
seule, par peur des moyens de rétorsion du groupe. Ce que montre Lewin c’est
que les normes s’élaborent et se changent en groupe. Les discussions de groupe
permettent aux participant de contribuer à leur propre changement d’attitude et
de comportement collectivement.
NORME
CRISTALLISEE > NORME DECRISTALLISEE > NORME RECRISTALLISEE
Pourquoi avoir choisi des ménagères ? Il
faut cibler la population la plus à même d’effectuer ce changement, car une
opération à l’échelle des habitants de tout un pays est impossible. Lewin va
reconstituer les différentes démarches qui amènent à ce que les gens mangent
des bas morceaux.
Agriculteur (élevage) > Abattoir >
Magasin > Achat > Consommation
Le problème se situe au niveau de l’achat et
de la consommation, or les personnes qui achètent sont le plus souvent les
ménagères, et ce sont elles qui déterminent si la famille mange ou non des bas
morceaux. Elles jouent le rôle de Gate’s Keeper. Avant de se lancer dans une
campagne d’information il faut identifier le Gate’s Keeper.
Lewin a réussi à faire une des rares théories
sur le changement a partir d’une demande avec une finalité (gagner la seconde
guerre)
Expérience de dynamique de groupe au sens
large (Training Group)
En 1946 le Connecticut demande à Lewin de
trouver quelque chose pour changer les attitudes des américains envers les
noirs. Il faut travailler sur ceux qui inculquent les valeurs. Lewin établi 3
groupes d’enseignants et leur fait passer un programme de sensibilisation sur
plusieurs semaines, composé d’exposés, d’étude de cas, de jeux de rôles, de
discussions de groupes, etc. Dans et pour chacun des groupes il y a un
animateur et un observateur qui note et codifie les interactions entre membres
du groupe et à partir de ces données l’ensembles des observateurs et des
animateurs discutent de ce qu’ils ont remarqué dans le groupe et de la suite du
programme à établir.
Au cours d’une de ces réunions quelques
enseignants demandent à intégrer la réunion entre animateurs et observateurs.
Il s’est avéré que les enseignants ont trouvé ce compte rendu aussi important
que le programme lui-même et ont demandé de l’intégrer dedans. D’où l’idée de
Basic Skills Training Group, type de groupe centré sur ce qui se passe dans le
groupe. Ce type de groupe permet à chacun de savoir la façon qu’il a de penser,
communiquer, résoudre un certain nombre de phénomènes à l’intérieur d’un
groupe. Ces formations visent à faire comprendre aux participant qu’ils ont une
image différente de celle qu’il pense avoir, à travailler en groupe, à repérer
leurs éventuels défauts et à pouvoir les régler.
Après la seconde guerre mondiale les
Etats-Unis ont favorisés les études en sciences humaines. En 1956 nombre de
chercheurs français sont partis aux Etats-Unis pour travailler sur les
dynamiques de groupes et mettent en place des Training Groups. A l’heure
actuelle il existe deux organismes principaux chargés de former à la dynamique
de groupe : le CEFRAP (Cercle d’Etude français pour la Formation et la
Recherche Active en Psychologie – 62 (D. Anzieu) et l’ARIP (Association pour la
Recherche et l’Intervention en Psychosociologie)
Caractéristiques des Training Groups
La formation est conçue comme un stage et donc
met en avant un aspect pratique orienté vers l’expérience de groupe. A travers
le vécu de cette expérience l’animateur amène les participants à prendre
conscience de la place qu’ils ont dans un groupe et de ce que sont les
phénomènes de groupe, de ce qui se passe dans un groupe, etc. On laisse vivre
le groupe et on analyse ce qui se passe ici et maintenant, dans l’instant, hic
et nunc.
Règles/fonctionnement : le training group n’a pas de structuration intrinsèque, et donc pas
d’ordre du jour, pas de problème à résoudre, pas de sujets de discussion
imposés. Le nombre de participant oscille entre 15 et 20 personnes, toutes
volontaires, et on essaye au maximum à ce qu’il ne se connaissent pas entre eux
et qu’ils ne connaissent pas l’animateur. La formation dure plusieurs heures
(entre 20 et 40 h), soit pendant quelques jours de suite, soit étalée sur 2 à 3
semaines. Le planning est connu de tout le monde. Les séances ont toujours lieu
dans la même pièce, prévue à cette effet, dans laquelle on se retrouve coupé du
monde (aucun téléphone, etc.) et assis autour d’une table. Tout est fait pour
être isolé de ce qui se passe ailleurs. La règle fondamentale est d’exprimer ce
que l’on ressent hic et nunc et c’est cela que les observateurs vont analyser.
Grâce à cette analyse le participant va vivre et comprendre une expérience
affective de groupe.
Objectif : Le
but est que chaque participant devienne lucide quand au fonctionnement du
groupe et repérer leur propre mode d’être aux autres et au groupe. Ce vécu
permet à chacun d’être plus sensible aux phénomènes qui peuvent surgir dans un
groupe et donc de mieux y réagir. On vit la chose et on la parle, l’analyse de
cette parole par le groupe de diagnostic permet de comprendre le fonctionnement
du groupe et de changer.
Les groupes de diagnostic sont composés d’un
animateur (aide les participants à comprendre ce qui est vécu dans les
situations de groupes – il a un pied dedans et un pied en dehors du groupe dans
le sens où il ne participe pas au contenu des échanges entre participants –
cette position permet d’avoir la distance et la neutralité nécessaire au bon
fonctionnement du groupe et à son analyse) et d’un observateur (en dehors du
groupe – ne fait qu’observer et analyser les comportements de chacun – n’a pas
de relation avec le reste du groupe).
La difficulté des TG est qu’ils sont des
stages et impliquent donc des résultats (apprendre quelque chose et être différent),
or il est difficile d’évaluer les effets des TG sur les participants de façon
quantitative, et qu’il n’y a pas forcément de lien de cause à effet entre ce
qu’ils font maintenant et la formation.
Faucheux a analysé un certain nombre de groupe
de formation et a repéré 4 phases par lesquelles le groupe passe durant cette
expérience :
1er stade INCERTITUDE INITIALE
Période de flottement : les personnes, n’ayant aucun ordre, se
posent des questions et se demandent ce qu’elles font ici.
2ème stade DEPENDANCE A L’EGARD
DE L’AUTORITE
Tout
le monde cherche et se remet à l’animateur pour répondre à ces questions. Il va
cependant être replacé dans son rôle : aider mais pas guider.
3ème stade POUVOIR INTERNE AU
GROUPE
Une
fois que le rôle de l’animateur est délimité on se pose la question de
l’organisation du groupe (quels sont les besoins ? quel rôle avoir ?
etc.). On analyse comment se répartissent les rôles, les luttes de pouvoir, les
positions de chacun, etc.
4ème stade CONDUITE REFLECHIE
Phase
de maturité du groupe : il prend conscience de ses déterminations internes
et externes et va être capable de contrôler et régler les faits qui surgissent,
de s’auto analyser, etc. Le groupe devient autonome. On observe les phénomènes
de leadership, les formes de résistances, les difficultés à communiquer, etc.