L’évaluation qualitative
11:42 AM
Edit
L’évaluation qualitative
Les modèles et les théories d’action seraient des carcans si, dans une confrontation permanente avec la pratique, on n’acceptait pas de les questionner et de créer du savoir pragmatique. En d’autres mots, l’expertise résulte des enseignements tirés de l’expérience, de leur mise en mémoire et de leur activation face à d’autres situations particulières. Plus encore, le travail en réseau impose cette analyse, cette capitalisation et ce transfert. En ce sens, écrit dans l’optique d’une évaluation par rapport aux objectifs préétablis, le rapport d’activités doit être riche du passé et d’ouvertures sur le futur. Il diffère d’un simple recueil de données. Il nécessite une prise de recul et de s’éloigner des urgences quotidiennes.
Le second pan de l’évaluation concerne la personne visée par l’action d’insertion sociale et plus précisément, les effets de cette dernière sur celle-ci. Evaluer signifie porter un jugement à partir d’une information, autrement dit, attacher une valeur à l’objet considéré. Il s’agit de pouvoir expliciter pourquoi on est satisfait ou non, ce qui est réalisé en référence aux idéaux qui nous guident. Quels devraient être les résultats ? En concordance avec la fin poursuivie, à savoir l’amélioration de la qualité de vie, et dans une perspective globale, nous accordons autant de valeur à la dimension subjective et affective qu’à la dimension plus pragmatique, comportementale, qui, de plus s’influencent l’une l’autre. Ainsi quels critères d’épanouissement pouvons-nous retenir et en fonction de ceux-ci quelles informations allons-nous recueillir ?
Ces données doivent être suffisamment détaillées pour éclairer les décisions à prendre en conformité avec le projet de vie de chacun et la procédure doit nécessairement être uniformisée pour faire converger les pratiques d’une multitude d’acteurs dont les systèmes de valeurs pourraient parfois, sinon, entrer en contradiction. Allier les aspects qualitatifs et quantitatifs de l’évaluation permet aussi de décrire la dynamique observée, de l’analyser pour en comprendre les tenants et les aboutissements mais également de laisser la porte ouverte à la pensée créative qui trouve son espace/temps pour se déployer.
De plus, il apparaît utopique de vouloir confiner, dans une grille d’observation prédéfinie, les leviers potentiels pour mobiliser un individu car celle-ci ne pourra jamais prévoir tous les cas de figure, toutes les combinaisons possibles à moins d’être titanesque et inutilisable en pratique. Il s’est avéré, lors des animations, que l’évaluation qualitative répond à cet objectif moyennant quelques conditions élémentaires, telles que disposer d’un temps et d’un contexte d’observation adéquat et de disposer de la formation nécessaire.