-->

Ads

L’évaluation qualitative

L’évaluation qualitative


Les modèles et les théories d’action seraient des carcans si, dans une confrontation permanente avec la pratique, on n’acceptait pas de les questionner et de créer du savoir pragmatique. En d’autres mots, l’expertise résulte des enseignements tirés de l’expérience, de leur mise en mémoire et de leur activation face à d’autres situations particulières. Plus encore, le travail en réseau impose cette analyse, cette capitalisation et ce transfert. En ce sens, écrit dans l’optique d’une évaluation par rapport aux objectifs préétablis, le rapport d’activités doit être riche du passé et d’ouvertures sur le futur. Il diffère d’un simple recueil de données. Il nécessite une prise de recul et de s’éloigner des urgences quotidiennes.

Le travail de rédaction est un temps de réflexivité qui permet de comparer les objectifs et les résultats, de s’interroger sur sa pratique, de l’expliciter, de la structurer et de la conceptualiser, d’explorer de nouvelles pistes à partir des hypothèses et des modèles d’intervention, de la faire évoluer, d’envisager les possibilités de sa transposition... Le rapport est ensuite un support de partages et d’échanges, à condition de mettre en évidence à la fois les caractéristiques particulières du contexte et les invariants de la démarche qui pourrait être transférée. Ceux-ci sont, par exemple, les modalités de la participation, les règles pédagogiques à adopter, les segmentations à effectuer, les priorités à respecter, les contraintes à ne pas négliger, etc. L’analyse des pratiques permet d’identifier les variables à prendre en compte pour le transfert des pratiques. Ces deux aspects sont donc indissociables.

On peut imaginer que les rapports soient encodés dans une base d’informations accessible à l’ensemble des acteurs d’un même champ d’action, ce qui contribuerait à construire le savoir collectif et à alimenter les ressources de tous. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont déjà permis des avancées considérables  dans ce domaine mais, faute d’une véritable concertation, il est parfois difficile de trouver son chemin dans le labyrinthe et le foisonnement de données qu’est aussi l’internet. Il s’agit de réfléchir à l’organisation de cette bibliothèque gigantesque afin que les outils de travail soient aisément disponibles et non plus éparpillés sous la multitude. Bien sûr, ceci a un coût qui ne peut être accepté que si les enjeux aussi bien institutionnels que personnels sont clairement perçus, à savoir que l’expertise collective est indispensable pour apporter une valeur ajoutée aux usagers du CPAS.

Le second pan de l’évaluation concerne la personne visée par l’action d’insertion sociale et plus précisément, les effets de cette dernière sur celle-ci. Evaluer signifie porter un jugement à partir d’une information, autrement dit, attacher une valeur à l’objet considéré. Il s’agit de pouvoir expliciter pourquoi on est satisfait ou non, ce qui est réalisé en référence aux idéaux qui nous guident. Quels devraient être les résultats ? En concordance avec la fin poursuivie, à savoir l’amélioration de la qualité de vie, et dans une perspective globale, nous accordons autant de valeur à la dimension subjective et affective qu’à la dimension plus pragmatique, comportementale, qui, de plus s’influencent l’une l’autre. Ainsi quels critères d’épanouissement pouvons-nous retenir et en fonction de ceux-ci quelles informations allons-nous recueillir ?

Ces données doivent être suffisamment détaillées pour éclairer les décisions à prendre en conformité avec le projet de vie de chacun et la procédure doit nécessairement être uniformisée pour faire converger les pratiques d’une multitude d’acteurs dont les systèmes de valeurs pourraient parfois, sinon, entrer en contradiction. Allier les aspects qualitatifs et quantitatifs de l’évaluation permet aussi de décrire la dynamique observée, de l’analyser pour en comprendre les tenants et les aboutissements mais également de laisser la porte ouverte à la pensée créative qui trouve son espace/temps pour se déployer.
De plus, il apparaît utopique de vouloir confiner, dans une grille d’observation prédéfinie, les leviers potentiels pour mobiliser un individu car celle-ci ne pourra jamais prévoir tous les cas de figure, toutes les combinaisons possibles à moins d’être titanesque et inutilisable en pratique. Il s’est avéré, lors des animations, que l’évaluation qualitative répond à cet objectif moyennant quelques conditions élémentaires, telles que disposer d’un temps et d’un contexte d’observation adéquat et de disposer de la formation nécessaire.

Iklan Atas Artikel

Iklan Tengah Artikel 1

Iklan Tengah Artikel 2

Iklan Bawah Artikel